Les vrais héros de Paris-Roubaix ? Chèvres en liberté sur les pavés d'Arenberg
Il y a des moments où le cyclisme, malgré toute sa splendeur et son prestige, semble exister sur un plan complètement différent des autres sports professionnels. Avec un camion de chèvres déchargé sur l'un des points clés du Paris-Roubaix de ce week-end, nous avons eu encore un autre exemple de la raison pour laquelle il s'agit d'un sport pas comme les autres.
Il est difficile d'imaginer les pelouses de Wimbledon entretenues par un troupeau d'animaux de basse-cour, ou les greens d'Augusta entretenus avec autre chose qu'une précision chirurgicale. Mais les chèvres sont l’outil parfait pour entretenir l’un des secteurs de pavés les plus emblématiques de l’une des courses les plus emblématiques du cyclisme.
La Trouée d'Arenberg — ou Tranchée d'Arenberg — est l'endroit où les chèvres ont été débarquées et encouragées à grignoter l'herbe verte qui pousse si facilement autour des pavés de ce chemin droit à travers la forêt.
Les secteurs pavés de Paris-Roubaix reçoivent une note sur cinq, et Arenberg est l'un des trois avec une note complète de cinq étoiles, tant sa difficulté et sa trahison sont grandes. La végétation qui se répand sur la voie, favorisée par le manque de circulation et les conditions humides, peut cependant enfouir entièrement les pavés.
Les chèvres ont été introduites pour la première fois au printemps dernier, suite à la pandémie de COVID. La course avait été annulée en 2020 et reportée à octobre 2021, date à laquelle l’herbe avait poussé sur les pavés.
« On s'est rendu compte que la nature gagnait du terrain. C'était devenu presque une prairie », raconte le directeur de l'itinéraire, Thierry Gouvenou. Agence France-Presse.
Les organisateurs avaient auparavant eu recours à des machines industrielles et avaient même tenté de brûler l'herbe. Alors que les organisateurs se préparaient à remettre les pavés en état pour le retour de la course au printemps 2022, ils ont pris une pause pour réfléchir.
« Nous avons commencé à réfléchir à d'autres solutions, plus respectueuses de l'environnement », a déclaré Gouvenou. « L'une d'elles était l'éco-pâturage, donc amener régulièrement les chèvres à la Trouée pour manger l'herbe. »
Ainsi, quelques jours dans les semaines précédant Paris-Roubaix, une quarantaine de chèvres sont conduites dans la forêt d'Arenberg et incitées à se remplir le ventre. Avec environ 2 500 pavés sur le secteur de 2,3 km, il y a de quoi faire le tour.
L'initiative rassemble les « Amis de Paris-Roubaix » (Les Amis de Paris-Roubaix), des collectivités locales, des groupes d'agriculteurs ainsi que l'association Espoir Avenir. C'est cette dernière, qui vise à promouvoir l'inclusion sociale en France, qui donne aux chèvres mangeuses d'Arenberg leur surnom collectif : « Les chevreaux de l'espoir ».
Les chèvres étaient sorties en force il y a trois semaines et sont revenues à Arenberg mardi, à cinq jours du Paris-Roubaix masculin dimanche.
« C'est encore un peu 'vert' mais les chèvres enlèvent toutes les herbes hautes », explique Gouvenou, soulignant qu'une absence totale de végétation rendrait les interstices entre les pavés encore plus dangereux. « Après cela, nous le repasserons au rouleau au dernier moment. »
Le travail acharné, cependant, est accompli par les chèvres, encore des héros méconnus de cette course et un autre rappel que le cyclisme existe non seulement dans le monde réel, mais aussi dans un monde différent.