Guillaume Martin se demande si le réchauffement climatique obligera le Tour de France à changer de dates
Alors que l’UCI, les équipes et les organisateurs de courses font des premiers pas timides pour prendre en compte leur impact environnemental en signant une Charte Action Climat, le coureur Cofidis Guillaume Martin a averti que le réchauffement climatique pourrait avoir un impact massif sur le sport, demandant si le Tour de France peut continuer qui se tiendra en juillet si les étés européens deviennent de plus en plus chauds.
« Nous rencontrons un gros, très gros problème », a averti Martin dans une interview avec le Reporterre site d’action pour l’environnement.
« Je ne suis pas sûr que le Tour de France puisse continuer à se tenir en juillet. Cela dépend (de la protection) de la santé des coureurs et des spectateurs.
Les températures élevées ont forcé les organisateurs du Tour de France à agir en juillet dernier, avec des plans pour pulvériser de l’eau sur la fonte des revêtements routiers et introduire des zones d’alimentation supplémentaires. Le protocole Extreme Weather Protocol de l’UCI protège les coureurs des températures élevées ainsi que de la neige et du froid et pourrait donc entraîner l’annulation de courses en raison d’une chaleur extrême.
En juin, une étape de La Route d’Occitanie dans le sud-ouest de la France a été réduite à seulement 36 km après que les autorités locales ont émis une alerte rouge pour des températures proches de 40°C. Les coureurs ont quitté le Tour de Suisse et le Tour de Slovénie en raison d’un coup de chaleur, beaucoup portant désormais des gilets de glace avant le début de la course, mettant des chaussettes de glace sur leur cou et sautant dans des bains de glace après la course.
Martin a rappelé ses propres problèmes avec la chaleur à la Vuelta a España l’année dernière.
« Pendant plusieurs jours, nous avons traversé une chaleur incroyable, notamment dans le sud de l’Espagne. Je me souviens d’une étape où, pendant cinq heures, mon thermomètre n’est pas descendu en dessous de 33°C », a révélé Martin.
« Je me demandais ce que je faisais là, faisant des efforts extrêmes dans des températures extrêmes alors que les autorités avaient conseillé aux gens de rester à l’intérieur pour rester chez eux. »
UN rapport compilé par nZero pour le Tour du Luxembourg a constaté que 49 % des émissions associées à la course provenaient des équipes, principalement en raison des déplacements vers et depuis la course, tandis que la plus grande source d’émissions des organisateurs provenait des véhicules de course et des hélicoptères pour les retransmissions télévisées.
L’étape 10 du Tour de France de cette année a été bloquée par un groupe de manifestants exigeant une action contre le changement climatique, sensibilisant le peloton et le sport.
L’UCI a décrit sa Charte d’action pour le climat comme « un tremplin important avant que les obligations en matière de développement durable ne soient formalisées au cours des prochaines années. En signant le Charte UCI, les fédérations, les équipes masculines et féminines du WorldTour et les principaux organisateurs de courses comme ASO, Flanders Classics et RCS Sport se sont engagés à mesurer et à rapporter les émissions selon des normes internationalement reconnues. Ils prendront également des mesures supplémentaires pour réduire les déchets et les besoins énergétiques.
Martin craint que cela ne suffise pas.
« Il est clairement nécessaire de modifier la façon dont nous organisons les grandes courses. A-t-on besoin d’autant de voitures dans une course cycliste, d’une aussi longue caravane publicitaire avant la course ? Nous aimons être divertis, mais nous pouvons probablement nous divertir d’une manière plus raisonnable.
Martin a admis que les déplacements fréquents des coureurs professionnels ne sont pas bons pour l’environnement et se demande s’ils peuvent faire plus.
« Mon mode de vie est plus polluant que celui d’une personne moyenne », a-t-il déclaré.
« Je passe 200 à 250 jours loin de chez moi par an. Cela ne veut pas dire que je prends l’avion tous les jours, mais c’est quand même le moyen de transport préféré, il permet de gagner le plus de temps de récupération et donc de faire de belles performances en course, de pédaler plus vite le lendemain.
« C’est tout le paradoxe du sport. Souvent, le vélo se retrouve dans l’avion. Il y a 180 coureurs dans une course mais il y a autant, sinon plus, de véhicules comme la caravane publicitaire et les voitures des directeurs qui nous suivent. On nous fournit des produits emballés dans du plastique, comme des barres énergétiques. A l’entraînement, j’essaie de les préparer moi-même, mais en course c’est impossible.
« Il y a peu à peu une prise de conscience et des efforts sont faits. On essaie de trouver le moindre mal, avec des voitures électriques et en prenant un peu plus le train. Mais est-ce suffisant ? Je ne suis pas sûr. »